50 ans ? et si on osait l’Audace?
A 20 ans, on a couru pour décrocher un diplôme.
A 30 pour les enfants, le pavillon, le break, le chien. Plus d’horaires, on va réussir…
A 40 il nous est apparu que l’on avait fait nos preuves ; on a réussi ! On court alors pour offrir le ski et les études à nos grands, on manage, on pilote, on refait le monde dans des séminaires laborieux, on cache nos cheveux blancs et on consulte le menu en l’éloignant de plus en plus de nos yeux, il faut rester dans le coup !
A 50 on craque alors on se fait coacher, on s’entretient, on reprend le sport, on sourit aux jeunes collègues en dissimulant notre essoufflement, on s’est résigné à acheter des lunettes !
Et à 55 c’est le réveil… Plus que 10 ans, certainement moins dans les faits… pour se faire plaisir ! Enfin !!
On perd des copains emportés par la maladie, nos parents vieillissent, nous quittent. La course du balancier de l’horloge nous réveille. Et si on était passés à côté ? et si on continuait à passer à côté ?
On aurait aimé… mais on ne l’a pas fait. On a toujours rêvé … de prendre du temps, de faire de la cuisine, de se lever le matin pour travailler à une œuvre qui ait du sens, de vivre ailleurs, autrement, en cohérence avec nos valeurs. Pourtant ce monde nous est âpre… tout est digital, la communication interpersonnelle s’organise autour de nouveaux codes avec des outils connectés. Nous dépensons une énergie folle pour suivre quand nos plus jeunes s’avèrent instinctivement adaptés à ces nouveaux paradigmes.
Et savez-vous pourquoi on persiste ?
Notre cerveau ne veut pas avoir à gérer de problèmes. Il préfère le plaisir à la douleur. S’adapter à un nouvel environnement oblige notre pensée à questionner notre socle : habitudes, sécurité, cercle relationnel, environnement. Ce deuil d’un passé est un épreuve dont le chemin n’est pas pavé que de routes cotonneuses. Alors on procrastine, on retarde l’échéance. Refuser de changer c’est adopter une posture d’évitement. Affronter, prendre à bras le corps sa vie, c’est inéluctablement s’exposer. On choisit de courir avec un caillou dans la chaussure plutôt que de marcher dans de nouvelles godasses ! La sclérose inhibe nos mouvements comme nos pensées.
L’an 0 du tremblement de terre des valeurs sociales (2020 – Covid) a eu un impact sur les quadras et les plus jeunes. Mais je suis au regret de constater que nombre de mes contemporains nés comme moi en 1965 et 70 restent accrochés à leurs vieux chewing-gum mâchés. Il n’a plus d’autre goût que celui des illusions perdues. Notre réseau a de plus en plus de cheveux blancs, on voit toujours les mêmes, accrochés aux titres, aux séminaires d’antan dans lesquels on a remplacé les whiskys par une « Vichy rondelle ». Les jeunes n’ont pas pris le relai, ils s’y ennuient. On ne leur a pas laissé la place, on se congratule et se félicite entre nous… ils sont ailleurs. Là où le business se réinvente.
Alors, ces quelques mots que je dédis à un ami qui se reconnaitra, je vous les livre ! Et si pour vous c’était le bon moment ? Vivez !