Démissions… la quête de sens!

Démissions… la quête de sens!

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L’histoire est riche de ces époques où les hommes, après des guerres, des pandémies, de grandes révolutions, se sont réappropriés leurs vies et levés contre des propositions de sociétés qui leur étaient imposées. Renaissance, apartheid, révolutions industrielles ou numériques, les prises de consciences sont venues du peuple, des ouvriers. Aujourd’hui ce sont les classes moyennes ou CSP+ qui disent non. Le saviez-vous ? 42% des moins de 35 ans affirment n’avoir jamais autant eu envie de quitter leur emploi, 58% des cadres seraient prêts à démissionner (source Opinionway pour indeed Mai 2022).

Cela fait des années que les librairies augmentent le linéaire des rayonnages « développement personnel ». Signe des temps et d’un malaise profond … les citoyens veulent des réponses. En septembre 2022, le sujet le plus traité des sorties littéraires était le « burnout ». Des plumes fort savantes expliquent à longueur de colonnes que ce désengagement nait d’un besoin de flexibilité ou que les managers se sont focalisés sur l’opérationnel en négligeant l’humain.

Je pense que la vérité a peut-être aussi un autre visage ; celui du besoin de « vivre debout ». Un nombre croissant d’individus et notamment de jeunes cherchent à répondre à un appel intérieur ; celui de l’urgence à mettre en cohérence leurs aspirations profondes avec leur vie professionnelle. Délaissant parfois des emplois plus rémunérateurs au profit d’opportunités moins lucratives mais en conformité avec leurs valeurs. Ils quittent les entreprises aux comportements peu vertueux.

J’ai lu, écouté, compulsé des articles, et c’est chez nos philosophes que j’ai mesuré combien les entreprises devaient relire leurs écrits pour piloter des structures qui deviendraient responsables. Tous nous invitent à convoquer nos émotions pour libérer nos énergies, tous reviennent à ce besoin de vivre en conformité avec nos idées. Retour à la nature, écoute de ses désirs, élan vital, individuation… Pourquoi en serait-il autrement dans le monde du travail ? Pouvons-nous accepter une vie à deux réalités et passer de l’une à l’autre ? La première ancrée dans les valeurs qui nous semblent être justes et correspondre à notre équilibre, et l’autre à l’opposée à ce qui nous semble être bon pour nous et ceux que nous aimons ?

Les réseaux sociaux relèvent quotidiennement les manquements graves des entreprises cédant aux modes du « Greenwashing ». Ils allument les projecteurs sur les usurpateurs ainsi démasqués. Les entreprises se retrouvent confrontées à des considérations éthiques (protection de l’environnement, bien-être des salariés, protection des plus défavorisés, agriculture biologique, meilleures conditions du travail des enfants) tant chez leurs consommateurs que leurs salariés.

La cascade de facteurs exogènes (pandémie, dérèglement climatique, extinction de la biodiversité…) a sonné le glas de la mascarade. Les salariés ne veulent plus être acteur du mensonge.

Il y a quinze ans Marc le Menestrel, enseignant-chercheur en sciences de la décision à l INSEAD animait un colloque à science Po, et proposait une réflexion sur ’La responsabilité sociale des entreprises ou les infortunes de la vertu ? Selon lui, la RSE d’une entreprise doit être animée par des indicateurs et vivre durablement au travers d’actes structurants et tangibles. Il est temps de passer des mots aux actes.

La RSE n’est plus l’affaire d’un « désigné volontaire », coincé dans un bureau « allée des anciens combattants », entre une plante verte et la photo de la planète bleue. C’est un enjeu majeur, sujet transverse à tous les services. De la SIRH au marketing, des achats à la DSI en passant par les finances, la vente ou les RH, tous doivent incarner cette responsabilité sociale et sociétale.

La RSE n’est ni une vitrine, ni une option. Le risque ?

  1. Les salariés ne voudront plus cautionner les dérives d’une gouvernance animée par le seul objectif du gain financier,
  2. Le pacte social collectif sera brisé, et par honnêteté intellectuelle les individus quitteront la structure qui n’incarnera pas ce qu’elle affiche : le sens du collectif et la performance responsable,
  3. Une forme de désobéissances submergera les entreprises. Les coéquipiers, clients, partenaires, suivront La Boétie « Soyez résolus de ne servir plus et vous voilà libres ! », et se désolidariseront de ces organisations.

En 2023, n’oubliez pas d’écouter vos équipes. Mes consultants observent combien, sur le terrain, les salariés sont passionnés par le sujet et se sentent concernés quand nous animons des ateliers. Ils ont certainement des suggestions pour faire évoluer vos pratiques. Ils œuvrent à chaque maillon de votre organisation. La désignation « ressources humaines » n’a-t-elle jamais porté autant de sens ? A vous d’agir…

Remerciements à mes amis inspirants MO, GG et BG.

Elvire